La cancérologie en outre-mer est difficile du fait de l’éloignement des centres de référence mais aussi car il s’agit de populations sont souvent défavorisées et plus difficiles à traiter. La Guyane compte seulement trois hôpitaux dans les grandes villes puis quelques centres de santé dans les territoires plus reculés. Concernant la cancérologie, la situation est particulièrement difficile car il y a peu de professionnels spécialisés ni d'équipement de radiothérapie.
Les médecins du Centre Léon Bérard en mission mensuelle
Depuis 2009, des oncologues du Centre Léon Bérard se rendent à Cayenne pour palier aux difficultés rencontrés par les professionnels locaux. Lors de ces missions, une philosophie domine : offrir au patient une qualité optimale de soin près de chez lui, tout en lui assurant qu’il puisse être transféré en France si besoin. Chaque mois, ce sont deux oncologues du CLB qui se rendent à Cayenne en alternance pendant 4 jours. Durant ces missions, 70 à 100 patients sont vus pour une première consultation, l’annonce du plan personnalisé de soins, les rendez-vous de suivi...
« Nous travaillons en collaboration avec l’IPA, l’infirmière en pratique avancée, de l’hôpital local, notamment pour la consultation d’annonce, l’explication du parcours de soins ou encore le suivi des effets secondaires dans le cadre des thérapies ciblées, ainsi qu’avec le médecin généraliste pour la prescription des chimiothérapies ou les évaluations cliniques régulières » explique le Dr Jérôme Fayette, oncologue médical au CLB et acteur de ce partenariat avec le Dr Eve-Marie Neidhardt.
Grâce au partenariat avec le laboratoire de biologie moléculaire du CLB, tous les traitements, thérapies ciblées ou immunothérapies, peuvent être prescrits.
Un service dédié au Centre Léon Bérard pour les patients de Guyane
Lorsqu’une évacuation sanitaire est nécessaire, notamment pour de la radiothérapie, la première question posée au patient est de savoir s’il a de la famille qui peut l’héberger. Si c’est le cas, il est adressé à un centre de cancérologie proche du lieu d’hébergement. Dans le cas contraire, le CLB dispose d’une unité non médicalisée qui leur est entièrement dédiée de 10 lits appelés « service Papillon ». Pour les patients autonomes, ils peuvent également séjourner dans un appartement thérapeutique à proximité du Centre. Un patient reste entre 2 et 3 mois en France dans ce cas. Composée de médecins, d'assistants sociaux et de personnels soignants, la commission Guyane du CLB vise à préparer au mieux l'accueil de ces patients.
Un objectif : construire une prise en charge en cancérologie locale
Malgré l’engagement sans faille des professionnels, cette organisation reste toutefois fragile à cause du manque de relais médical sur place. De plus, elle s’adresse seulement aux patients avec un titre de séjour valide, les autres peuvent se voir proposer que des chimiothérapies palliatives sur place. Ils ne pourront pas être transféré en métropole afin de respecter le processus d’évacuation sanitaire.
Avec une démographie en forte croissance (+2,2 % de population par an depuis 10 ans), le principal enjeu de ce partenariat est de construire une cancérologie locale en Guyane et de former les médecins à devenir oncologue pour pouvoir assurer une prise en charge globale et personnalisée pour chaque patient.