Le colloque qui se déroulera au Centre Léon Bérard (CLB), centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône, est proposé dans le cadre du Réseau d’excellence européen des tumeurs solides rares (ERN-EURACAN) dont le Pr Jean-Yves Blay, directeur général du CLB est le coordonnateur. Le Pr Françoise Galateau-Sallé, coordonnatrice du Réseau mésothéliomes malins MESOPATH, anatomopathologiste au Centre Léon Bérard, et le Pr Nicolas Girard, onco-pneumologue à l’Institut Curie, co-organisent cet atelier exceptionnel.
Pendant ces 2 journées placées sous l’égide de l’IASLC** et du réseau EURACAN, les experts mondiaux du mésothéliome, de toutes disciplines médicales (chirurgiens, oncologues médicaux, radiothérapeutes, radiologues, pathologistes et biologistes moléculaires), venus des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie, du Japon et de l’ensemble des pays européens, présenteront les dernières avancées enregistrées dans ce domaine afin d’établir un nouveau consensus pour la prise en charge de cette maladie rare et grave puisque la médiane de survie des patients qui en sont atteints est de 14 mois. Ces cancers primitifs de la plèvre touchent chaque année 1100 personnes en France.
Les récents progrès en anatomopathologie, biologie moléculaire et imagerie ont permis de mettre à jour la classification, donc une meilleure connaissance, des différents mésothéliomes.
Ces évolutions ont non seulement permis d’améliorer le diagnostic de ces tumeurs rares, mais également les protocoles de traitements. Ainsi le diagnostic étant fait à un stade plus précoce, il est désormais possible dans certains cas de proposer aux patients une intervention chirurgicale, ce qui n’était pas envisageable jusqu’à présent puisque le diagnostic était fait trop tardivement à un stade trop invasif. Enfin, les récents progrès en oncologie médicale révolutionnent aussi la prise en charge thérapeutique de ces cancers grâce à l’immunothérapie, les thérapies ciblées, les anti-angiogéniques et les chimiothérapies.
Le rendez-vous du Centre Léon Bérard permettra donc aux référents mondiaux du mésothéliome de faire un point sur l’ensemble de ces progrès. « À la fin de la réunion, un consensus devrait être atteint sur les aspects clés. Un rapport sera soumis pour publication », note le Pr Françoise Galateau-Sallé.
Un programme de recherche sur l’intelligence artificielle
A l’occasion de ces journées, Gilles Wainrib, cofondateur de la société Owkin, présentera le programme de recherche DI-A-GNOSE, porté conjointement avec les équipes du Centre Léon Bérard et qui fait intervenir l’intelligence artificielle pour améliorer encore la classification, le diagnostic et le pronostic de ces tumeurs. Le Pr Galateau-Sallé travaille depuis novembre 2017 dans le cadre de ce projet de recherche.
Le Centre de référence national MESOPATH, mis en place en 1998 par l’Institut national de veille sanitaire (INVS), puis labellisé par l’Institut national du cancer (INCa) en 2009, a étudié et conservé depuis les échantillons tumoraux de milliers de patients atteints de mésothéliome. Ces échantillons, issus de la tumeur, se présentent sous forme de lames et sont étudiés notamment grâce à la microscopie par les médecins anatomopathologistes. « Ces lames ont été scannées pour bénéficier de la procédure de certification standardisée mise en place par le programme national de surveillance et nous pouvons les associer aux données médicales de chaque patient, de manière anonymisée bien sûr. L’ensemble de ces données est conservé dans un serveur installé au Centre Léon Bérard. Nous avons choisi Owkin, car contrairement aux autres solutions proposées actuellement, les données resteront au Centre Léon Bérard et l’anonymat des patients est garanti ». A ce jour, plus de 35 500 lames et 5920 dossiers anonymisés comportant les données d’imagerie, de biologie moléculaire et de traitements ont été scannés et transmis à la machine. L’expertise du Pr Galateau-Sallé pour la classification de cette pathologie complète ces données pour construire les algorithmes. Grâce à ces différents paramètres (expertise humaine, lames et données médicales), la machine va se nourrir puis apprendre d’elle-même. « Les progrès sont impressionnants et rapides, nous avons déjà trois articles à paraître très prochainement dans des revues scientifiques internationales à fort impact ». Une nouvelle voie prometteuse et qui pourrait servir de modèle pour la prise en charge des tumeurs rares.
Le mésothéliome en France
Le mésothéliome est un cancer qui se développe sur les séreuses. Le plus fréquent est le mésothéliome pleural malin, forme dite primitive de cancer de la plèvre.
En France, l’incidence de la maladie est de 1100 nouveaux cas par an* (800 chez l’homme, 300 chez la femme). L’âge médian de survenue est de 75 ans pour les deux sexes. Le principal facteur de risque est l’exposition à l’amiante (80 à 85% des cas).
*Données 2012 - Ref : Gilg Soit Ilg A, Ducamp S, Gramond C, Audignon S, Chamming’s S, de Quillacq A, et al. Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM). Actualisation des principaux résultats. Bull Epidémiol Hebd. 2015;(3-4):28-37. http://www.invs.sante.fr/beh/2015/3-4/2015_3-4_1.html
** IASLC -International Association for the Study of Lung Cancer