Une découverte sur le rôle primordial du ribosome dans la survenue des métastases

Virginie Marcel chercheuse

Des chercheurs basés sur le site du Centre Léon Bérard, en collaboration avec une équipe parisienne dirigée par Olivier Namy, ont récemment mis en lumière que des modifications de la composition du ribosome, sorte de petite usine dans nos cellules, ont un rôle très important dans la survenue des métastases et la résistance aux traitements.

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Nous avons rencontré Virginie Marcel, chercheuse au sein de l’équipe « Ribosome, traduction et cancer » du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon, basé sur le site du Centre Léon Bérard. Elle est revenue pour nous sur cette découverte majeure, publiée en décembre dernier dans la prestigieuse revue scientifique PNAS.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le ribosome ?

Virginie Marcel : « Nos cellules contiennent des millions de petites usines, appelées ribosomes. Ils sont indispensables à leur bon fonctionnement, que ce soit chez l’homme, les animaux ou encore les plantes. Sans le ribosome, il n’y aurait pas de vie sur terre. Sa fonction est de synthétiser les protéines à partir de l’ARN messager, qui porte l’information génétique. L’ARN messager peut se définir comme une photocopie d’une petite portion de notre ADN. Le ribosome va se positionner sur l’ARN messager, puis lire et décoder l’information génétique portée par l’ARN messager en se déplaçant sur celui-ci et en même temps, synthétiser les protéines. C’est l’étape de traduction. »

Sous quel angle étudiez-vous le ribosome ?

V. M. : « Aujourd’hui, on sait qu’il n’existe pas un mais des ribosomes. Cette usine peut être construite différemment, avoir des particularités différentes et donc synthétiser des protéines différentes. L’objectif de mon équipe est de comprendre le rôle du ribosome dans un processus biologique appelé EMT : la transition épithélio-mésenchymateuse. En cancérologie, nous savons que cette phase est très importante, puisque le fait que des cellules cancéreuses puissent se transformer, changer d’identité et devenir mésenchymateuses est lié à la progression métastatique et à la résistance aux thérapies contre le cancer. Nous avons identifié l’usine particulière qui va contribuer à ce processus biologique. »

Quel est l’objectif de vos recherches ?

V.M : « Si l’on sait que l’EMT a un rôle dans la formation des métastases ou dans la résistance aux traitements, en ciblant spécifiquement grâce à des petites molécules chimiques ce ribosome qui a une composition particulière, on pourrait l’empêcher d’agir. Nous avons aussi pour objectif d’utiliser cette composition particulière du ribosome comme un biomarqueur, qui permettrait d’identifier les tumeurs pouvant former des métastases ou qui seront plus résistantes aux traitements que d’autres, afin d’aider les cliniciens à la prise en charge des patients. »

" Il y a plus de 10 ans, mon premier poste au Centre Léon Bérard en tant que post-doctorante a pu être financé grâce aux donateurs"

Virginie Marcel, chercheuse au sein de l'équipe "Ribosome, traduction et cancer" du CRCL

Quelles sont concrètement les pistes thérapeutiques étudiées ?

V.M : « En réalité, le ribosome n’est pas inconnu du grand public. En effet, lorsque l’on prend des antibiotiques, certains de ces antibiotiques viennent cibler les ribosomes des bactéries pour les détruire. Notre objectif dans un premier temps est d’étudier des antibiotiques déjà existants, et connu pour cibler les ribosomes humains, pour voir si ils seraient efficaces contre le cancer. Comme le ribosome que nous étudions a une composition particulière, on pourrait penser que certains antibiotiques pourraient rentrer dans le ribosome malformé et aider à spécifiquement tuer les cellules tumorales. »

Quel est l’impact des dons sur vos recherches ?

V.M : « Il y a plus de 10 ans, mon premier poste au Centre Léon Bérard en tant que post-doctorante a pu être financé grâce aux donateurs. Leur soutien est extrêmement important. 

Dans le cadre de nos recherches, nous pouvons également compter sur des plateformes technologiques qui nous permettent d’accélérer nos travaux. Une treizième plateforme technologique vient d’être créée sur le site du Centre Léon Bérard. Elle s’appelle RibosOMICS et s’intéresse à toutes les modifications de composition du ribosome. Cette plateforme technologique sur laquelle les chercheurs peuvent s’appuyer n’aurait pas vu le jour sans les donateurs du Centre Léon Bérard qui y ont contribué. 

Grâce à eux, nous avons aussi pu développer des projets de recherche majeurs sur le ribosome dans le cadre du cancer. »

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    POUR EN SAVOIR + SUR LES RIBOSOMES :

    Qu'est-ce qu'un ribosome et quel est son rôle dans les cancers ? Retrouvez les explications de 4 chercheuses basées sur le site du Centre Léon Bérard.