Félicitations !
Le projet Solsteen fait partie des cinq lauréats du premier appel à projet de l'Institut National du Cancer intitulé "Agir en santé publique" dévoilé en décembre 2022. Son objectif est de soutenir les études, expérimentations et actions visant à mieux intégrer la prévention, le dépistage et la détection précoce des cancers dans les parcours de santé et de soins.
Rencontre avec Astrid Coste, docteur en épidémiologie, et Thomas Coudon, docteur en expologie environnementale, au sein du Département Prévention Cancer et Environnement du Centre Léon Bérard, qui nous informent sur les rayonnements ultraviolets, aussi appelés UV, dans le cadre d'une campagne de mesures dans un collège à Vénissieux (69).
1. Quel(s) rôle(s) joue(nt) les UV sur notre peau ? Sont-ils dangereux ?
Astrid Coste : Avant de parler des dangers, rappelons que les UV ont des effets bénéfiques sur la santé : ils permettent la photosynthèse chez les plantes et la stimulation de la production de vitamine D chez l'homme. La vitamine D augmente l'absorption du calcium et du phosphore à partir des aliments, et joue un rôle crucial dans le développement du squelette, la fonction immunitaire et la formation des cellules sanguines. Cependant, des niveaux élevés d'exposition aux UV ont des effets nocifs aigus, comme les coups de soleil sur la peau, et des effets à long terme, comme les lésions oculaires (cataractes, photokératite) et les cancers de la peau, en particulier chez les populations à peau claire. Bien que nous ne comprenions pas encore complètement tous les mécanismes expliquant le lien entre l'exposition aux rayons UV et le développement du cancer de la peau, on sait que les rayons UV peuvent causer des dommages génotoxiques directs aux cellules de la peau et qu'ils agissent par d'autres mécanismes indirects, notamment le stress oxydatif et les mécanismes liés à l'immunité.
Thomas Coudon : Pour donner quelques chiffres, chaque année en France, environ 15 500 nouveaux cas de mélanomes cutanés sont diagnostiqués, le cancer de la peau le plus dangereux, et presque 2000 personnes en meurent. Nous savons que la grande majorité de ces mélanomes est due à une surexposition aux UV, en particulier pendant l’enfance, c’est donc un cancer largement évitable !
2. Vous réalisez une campagne de mesures des UV sur des collégiens, pouvez-vous nous expliquer en quoi cela va consister ?
Thomas Coudon : Concrètement, nous allons équiper des élèves de 5ème du collège Aragon de Vénissieux, avec des dosimètres permettant de mesurer différents types d'UV reçus. Ces capteurs sont petits et légers et sont positionnés au niveau du bras des élèves. Ils seront portés à tour de rôle par les élèves durant une à deux semaines et enregistreront les données de mesures toutes les 2 secondes.
Astrid Coste : L’objectif du projet SOLSTEEN est double. Premièrement, grâce aux dosimètres, nous allons mesurer les expositions aux UV avant et après l’installation d’un préau dans la cour du collège. Cela nous permettra d’évaluer l’efficacité de ce type de construction pour protéger les élèves d’une surexposition aux UV. Mais nous allons également faire passer des questionnaires et réaliser des entretiens avec les élèves volontaires. Ainsi nous pourrons mieux identifier leur niveau de connaissances concernant les risques liés aux UV, mais aussi leur appropriation du nouveau préau et leurs pratiques en matière de protection solaire.
Thomas Coudon : Par ailleurs, notre projet inclut une équipe spécialisée en psychologie sociales (Pôle de Psychologie Sociales U1296 Inserm) qui sera chargée d’identifier à partir des données des entretiens les déterminants psychosociaux des expositions aux UV dans la cour de récréation (valorisation des corps bronzés par exemple).
3. Qu’espérez-vous apprendre grâce aux mesures obtenues ?
Thomas Coudon : Les efforts récents de communication sur les risques liés à une surexposition aux UVs ont permis d’observer une amélioration des comportements de prévention pour les jeunes enfants. En revanche les adolescents sont moins sensibles à ces messages de prévention et se protègent peu. Les nouvelles formes d’intervention visent donc plutôt une adaptation de l’environnement bâti avec la mise en place d’ombrage notamment.
Astrid Coste : Si notre projet pilote obtient un financement, nous allons pouvoir déployer ce dispositif dans plusieurs collèges de la métropole et ainsi mesurer les expositions réelles des élèves et évaluer la pertinence du préau comme outil de protection solaire.
Et maintenant ?
En 2022, SOLSTEEN a reçu trois financements exceptionnels qui va permettre la poursuite du projet :
- Financement de l’étude pilote par le CLARA pour 2023 (Oncostarter)
- Financement de l’étude complète jusqu’en 2025 par l’Institut national du cancer
- Financement de l'installation des préaux dans les écoles par la Métropole de Lyon.
Le projet SOLSTEEN est maintenant le fruit de la collaboration entre 4 équipes internationales :
- Le Département Prévention Cancer Environnement du CLB : Astrid Coste et Thomas Coudon sont les coordinateurs du projet.
- L'Université Lyon 2 Pôle de Psychologie Sociale : va étudier les déterminants sociaux en rapport avec les comportements de protections solaires des enfants dans la cour de récréation et va aider à co-construire des messages de prévention avec les collégiens.
- L'Université de Lausanne pour l’étude des déterminants architecturaux pouvant influencer les niveaux d’expositions
- L'Equipe GENESIS Uv du IFA en Allemagne qui prête les dosimètres
En 2023, deux nouvelles interventions dans des collèges de notre département sont prévues.
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Prévention du cancer de la peau