C'est à l'occasion du Mois sans tabac 2020 que cette expérience pilote a été menée par le Dr Dominique Triviaux et le Pr Christine Lasset, avec le soutien du département Prévention Santé publique et la collaboration de l'équipe chirurgicale sénologique et gynécologique du CLB.

Cette action a obtenu un soutien financier par la CPAM. La prescription de substituts nicotiniques est initiée par le chirurgien, puis adaptée par le tabacologue sous 48 à 72h. Un suivi par le tabacologue est ensuite assuré de façon hebdomadaire jusqu'à la chirurgie et poursuivi au-delà selon le souhait des patients. L'expérience montrant que lorsque la patiente a réussi à arrêter le tabac avant l'acte chirurgical, le désir est de maintenir cet arrêt en poursuivant le suivi en tabacologie.

Ce circuit a été proposé aux nouvelles patientes avec diagnostic initial de cancer du sein ou gynécologique prise en charge pour leur chirurgie au CLB. Neuf patientes ont bénéficié du circuit rapide de tabacologie au cours du mois de novembre. Sept d’entre elles sont actuellement en arrêt du tabac, arrêt dès la prise des substituts nicotiniques.

Mme X, qui a participé à ce suivi pendant le Mois Sans Tabac 2020, témoigne de cette nouvelle expérience :

Je suis suivie au CLB pour un carcinome canalaire in situ au sein gauche, mon intervention est prévue le 21 Janvier 2021. J’ai mis mon 1er patch le 19 Décembre 2020. Pour la petite histoire, je fumais 1 paquet de cigarettes par jour depuis mes 13/14 ans. J’avais déjà essayé d’arrêter de fumer pendant 6 mois sans aide ni méthode mais j’ai rapidement repris le tabac suite à un arrêt maladie d’un mois. Lorsque le chirurgien m’a fait part de cette prise en charge et de ce nouveau traitement de substitution nicotinique, j’ai été agréablement surprise. J’ai trouvé ce processus très positif : les problèmes divers liés au tabac sont annoncés clairement et de ce fait, le traitement s’est, pour moi, révélé comme une évidence avant d’entreprendre la chirurgie. Le premier entretien avec la tabacologue s’est très bien passé et j’ai été rassurée d’être épaulée de cette manière. L’explication sur le mécanisme d’addiction a été très claire et j’ai pu obtenir les réponses aux questions qui se sont imposées à moi lors de l’arrêt du tabac. J’ai alors arrêté de fumer dès le lendemain du premier entretien de suivi avec le chirurgien et je souhaite vivement poursuivre ce suivi dans les prochains mois. Prendre soin de soi pendant cette période d’annonce de la maladie fait beaucoup de bien au moral. Je remercie toutes les personnes en charge de ce parcours pour leur aide, leur professionnalisme et leur oreille attentive.

 

« L’explication sur le mécanisme d’addiction a été très claire et j’ai pu obtenir les réponses aux questions qui se sont imposées à moi lors de l’arrêt du tabac. »

Mme Y, qui a également participé à ce suivi pendant le Mois Sans Tabac 2020, témoigne de cette nouvelle expérience :

Je suis suivie pour un cancer du sein. Mon intervention a eu lieu le 16 décembre dernier. J’ai 37 ans et je fume depuis l’âge de 17 ans environ. J’ai longtemps fumé « seulement » entre 4 et 7 cigarettes par jour, sauf en soirée. Depuis environ 4/5 ans je fumais environ 10 à 15 cigarettes par jour, en dehors des événements festifs, soirées et weekends où ma consommation a pu monter en flèche. Au fond de nous, nous le savons tous qu’il n’est pas bon de fumer lorsque nous devons subir une intervention chirurgicale. J’ai apprécié la réactivité du médecin et le fait que l’on me prescrive rapidement une ordonnance avec les essentiels pour arrêter de fumer. J’ai été contactée dans les 48 heures qui suivaient mon rendez-vous avec le chirurgien par une tabacologue. Mon intervention a été très vite programmée. Les échanges ont été très fluides ce qui m’a permis d’être rassurée sur le processus. J’ai alors arrêté de fumer dès ma première rencontre avec la personne qui m’a contacté pour me programmer mon entretien avec la tabacologue. Elle m’a alors envoyé des documents ainsi qu’une vidéo et m’a également demandé de ne pas fumer pendant au moins 48 heures avant le rendez-vous avec la tabacologue. Et comme nous étions à 48 heures de l’entrevue et bien, une fois raccroché, j’ai fumé mes 5 dernières cigarettes et j’ai arrêté. C’était le 28 novembre 2020. J’ai le souhait d’arrêter complètement de fumer dans le futur, et je vais tout faire pour y arriver ! Merci pour ce parcours qui pour moi, doit être pérennisé et/ou généralisé au sein du CLB. 

« Et comme nous étions à 48 heures de l’entrevue et bien, une fois raccroché, j’ai fumé mes 5 dernières cigarettes et j’ai arrêté. C’était le 28 novembre 2020. »

Le Dr Faure, chirurgien au CLB, nous donne également le regard des chirurgiens sur ce parcours :

A l’occasion du mois sans tabac un projet de prise en charge rapide tabacologique a été initié par le Dr Triviaux et le Pr Lasset.Les chirurgiens sénologues ont bénéficié de l’expérience des chirurgiens thoraciques ( Dr Tabutin), et ils ont été sensibilisés  et formés par le Dr Triviaux à l’aide d’un film très didactique à la prescription de patchs  nicotiniques. Lors de la première consultation chirurgicale de prise en charge d’une patiente présentant un cancer du sein, les complications chirurgicales en rapport avec une forte consommation tabagique sont abordées, en particulier si une reconstruction mammaire est envisagée. Il est alors conseillé aux patientes d’arrêter le plus tôt possible de fumer avant le geste chirurgical ou d’essayer de diminuer leur consommation. D’ordinaire la discussion s’arrête là mais grâce à ce projet la patiente sort de la consultation avec la prescription de patchs et de pastilles. Elle est rappelée dans les 48 heures par le DR Triiviaux en téléconsultation. L’accroche est donc immédiate et suivie d’une prescription adaptée dès la sortie de consultation. Les patientes apprécient beaucoup le fait de ne pas avoir à revenir au CLB surtout si elles habitent loin et d’être guidées et épaulées d’emblée afin de ne pas  ressentir de manque. Leur motivation est donc entretenue par l’équipe de tabacologie et des prescriptions adaptées.