La télésanté au Centre Léon Bérard

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De plus en plus utilisée depuis quelques années, la télémédecine permet une pratique médicale à distance grâce aux technologies de l’information et de la communication. Elle met en relation les professionnels de santé entre eux, ou avec un patient.

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Au Centre Léon Bérard et plus largement en cancérologie, la télémédecine fait partie intégrante des parcours de soins lorsque cela est possible. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le Dr Pierre Heudel, oncologue au Centre Léon Bérard et Chargé de mission e-santé. Zoom sur 3 pratiques de télésanté : la téléconsultation, la téléexpertise et la télésurveillance.

LA TÉLÉCONSULTATION

« La première téléconsultation en cancérologie en région Auvergne Rhône-Alpes a eu lieu au Centre Léon Bérard en mars 2019. La pratique s’est ensuite développée rapidement, notamment durant le confinement. » explique le Dr Heudel.

Une téléconsultation doit nécessairement être réalisée en utilisant la vidéo. Une étude a d’ailleurs été réalisée au Centre Léon Bérard durant le premier confinement auprès de plusieurs centaines de patientes atteintes d’un cancer du sein pour évaluer ce qu’elles ressentaient en cette période anxiogène. Elle a montré que l’utilisation de la visio par rapport au simple téléphone permettait de diminuer significativement leur stress.

Au total, début 2024, 40 000 téléconsultations avaient été réalisées au CLB. Les avantages que cette pratique présente pour les patients, les médecins ou encore l’Assurance Maladie sont nombreux. On peut citer notamment le gain financier et écologique des trajets évités.

Une autre étude publiée récemment par le CLB a montré, grâce à l’interrogatoire de 300 cancérologues de la région, que 10 % de leurs consultations étaient réalisées en téléconsultation. Cette pratique reste modérément utilisée car elle nécessite 4 conditions majeures :

  • Le patient ou son aidant doivent être un minimum connectés
  • Le patient doit habiter relativement loin de l’hôpital
  • La situation de consultation doit être « simple » (par exemple, l’annonce d’un cancer ne sera pas réalisée en téléconsultation)
  • Il n’y a pas besoin de faire un examen clinique

« Aujourd’hui, les situations qui réunissent ces 4 conditions représentent au maximum 20 % des consultations. » ajoute le Dr Heudel.

Si les retours des patients sur les téléconsultations sont très positifs, 16 % de la file active de patients du Centre n’ont pas d’adresse mail. Des solutions peuvent être apportées pour les personnes peu connectées, comme la possibilité d’effectuer la téléconsultation avec le CLB à l’hôpital de jour proche de chez eux, au lieu de se déplacer au Centre Léon Bérard.

LA TÉLÉEXPERTISE

Le Centre Léon Bérard propose depuis plusieurs années la téléexpertise, un dispositif qui permet à un professionnel de santé (médecin, infirmier...) face à une situation médicale donnée de demander, à distance et en utilisant des outils sécurisés, l'avis d'un médecin du Centre Léon Bérard.

Cette téléexpertise permet aux spécialistes du Centre de donner un avis sur un cas patient, en analysant les données transmises et en renvoyant leur conclusion au professionnel de santé les ayant sollicités.

Ce processus est réalisé de façon 100% sécurisée, au travers d'outils dédiés. Le patient doit être informé de cette démarche.

En France, le processus de remboursement de la téléexpertise est encore trop complexe et cela freine de nombreux médecins. D’importants efforts sont donc fournis pour essayer de fluidifier et d’automatiser cette pratique.

En Auvergne-Rhône-Alpes, 2 000 actes de téléexpertise sont déclarés par mois.

En oncologie, la téléexpertise est surtout utilisée en dermatologie et en hématologie, car il est plus facile de partager les données (une photo ou un compte rendu biologique). En dehors de ces 2 cas, il faut souvent envoyer beaucoup d’imageries en coupe et les fichiers sont lourds. De plus, les situations médicales nécessitent souvent une expertise pluridisciplinaire et la téléexpertise ne permet pas cela pour le moment.

« À l’avenir, j’espère que nous pourrons compter sur une simplification de la pratique comme, par exemple, grâce à des tables rondes virtuelles pour discuter de chaque cas et demander un avis à plusieurs professionnels en simultané. » indique le Dr. Pierre Heudel.

LA TÉLÉSURVEILLANCE

La télésurveillance permet à un médecin d’interpréter à distance, grâce à l’utilisation d’un dispositif médical numérique, les données de santé d’un patient à son domicile et de prendre des décisions relatives à sa prise en charge.

Cette pratique a d’abord été testée sur quatre pathologies pilotes en France et le financement a été autorisé pour la cancérologie en fin d’année 2023.

« Il faut savoir que les essais cliniques randomisés qui comparaient un suivi classique et un suivi à l’aide de la télésurveillance ont montré un bénéfice de qualité de vie et de survie globale chez les patients ayant bénéficié de la télésurveillance. » explique le Dr. Heudel. « En effet, l’équipe médicale détecte plus vite les complications et les récidives. Le patient est donc mieux pris en charge. »

Au Centre Léon Bérard, la télésurveillance est pratiquée depuis 2015, mais un nouvel outil sera mis en place très prochainement dans un souci d’amélioration continue.

Hors du cadre de la télésurveillance, notre établissement utilise de nombreux questionnaires et alertes pour évaluer à distance l’expérience des patients et revoir les pratiques. Le Dr Heudel explique que « grâce à cette méthode, nous avons par exemple mis en lumière le fait que les patients opérés sous anesthésie locale ont une moins bonne expérience de leur hospitalisation que ceux sous anesthésie générale. Cela est certainement lié au fait que quand l’intervention est terminée, le patient sous anesthésie locale rentre chez lui et n’a pas un accompagnement aussi important que le patient sous anesthésie générale, qui bénéficie d’un accompagnement lors du réveil par exemple. Grâce à ces retours de patients du CLB, des décisions ont été prises pour modifier notre organisation. »