Depuis 2003, les prix Ruban Rose pour la recherche récompensent chaque année des chercheurs pour leurs travaux prometteurs sur le cancer du sein : parmi eux cette année, le Dr Véronique Maguer-Satta obtient le prix Ruban Rose Avenir.
Une reconnaissance forte pour ses travaux portant sur l'impact des bisphénols et nanoparticules de plastiques sur le risque de cancer du sein et plus spécifiquement comment ces molécules qui trompent le cerveau vont perturber les cellules souches.
Elle obtient ainsi 150 000 euros pour ses travaux.
Nous sommes allés à sa rencontre pour en savoir plus sur son projet de recherche et pour la féliciter.
Bonjour Véronique, toutes nos félicitations pour votre prix ! Vous avez ainsi reçu le prix avenir Ruban rose pour vos travaux sur le cancer du sein et l'implication de certains polluants et hormones sur le développement du cancer du sein : pouvez vous nous en dire plus ?
Ce prix récompense le travail accompli depuis plus de 10 ans, qui a permis d’identifier des acteurs clés de la transformation des cellules souches du sein en cellules souches cancéreuses.
Nous avons ainsi découvert que la voie de signalisation (c'est à dire ce qui permet de transmettre un message à l'intérieur d'une cellule) des protéines BMP (protéines clés dans la régulation des cellules souches adultes), qui est une voie très importante pour le contrôle des cellules souches de nombreux tissus depuis les stades embryonnaires jusqu’à l'âge adulte, est détraquée dans les cancers du sein.
Nous avons pu démontrer que ces anomalies de la voie des BMP, à la fois dans les cellules souches mais aussi dans les cellules autour de ces cellules souches, sont suffisantes pour induire la transformation des cellules souches en cellules souches cancéreuses et donner naissance à un cancer de type ER+ (luminal).
Nous avons aussi montré que l’exposition à des Bisphénols (composés chimiques de synthèse utilisés pour la fabrication de nombreux produits du quotidien) induit ces anomalies de la voie des BMP dans les cellules souches et les cellules autour de celles-ci.
Où en êtes vous sur ce projet : peut-on dire que c'est l'aboutissement de vos recherches ou que cela ne fait que commencer ?
Je pense que nous sommes juste au début de l’histoire.
Maintenant que nous avons identifié certains acteurs de l’initiation du cancer nous sommes en train d’essayer de comprendre comment cela se passe au niveau moléculaire.
Nous avons découvert que la voie des BMP interagit avec celle des estrogènes par l’intermédiaire d’un récepteur aux estrogènes non classique et non pris en compte dans la classification des cancers du sein actuellement.
Nous cherchons d'abord à comprendre les conséquences biologiques de l’interaction moléculaire entre ces voies, puis comment les estrogéno-mimétiques (tels les bisphénols) perturbent ces fonctions.
Nos résultats pourraient permettre de découvrir de nouveaux marqueurs précoces de la transformation pour une détection et classification rapide, voire même d’identifier des personnes avec un risque plus élevé de développer un cancer du sein.
Nous pourrions ainsi proposer de nouvelles stratégie de prévention et de traitement.
Obtenir ce prix, qu'est ce que cela va changer pour vous et votre équipe ?
Cela signifie évidemment beaucoup pour nous, mais je crois qu'il s'agit surtout d'une forme de liberté de travail, trésor inestimable de nos jours.
Cela va nous permettre de continuer à travailler sur cette question très polémique des polluants et du cancer du sein, de poursuivre nos questionnements pour apporter des réponses concrètes, et d'avancer dans nos connaissances sur les origines des cancer du sein.
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