Le cancer colorectal touche chaque année 43 000 personnes en France. Parmi elles, 19 000 cas pourraient être évités par une modification des comportements de risque individuels, soit 40% du nombre annuel de cancers colorectaux. Il est donc indispensable d’agir sur les facteurs de risques identifiés comme la sédentarité, le surpoids, la consommation importante de viande rouge, le manque d’activité physique, l’alcool…
Contexte de l’étude
Dans le cadre du développement de leurs pratiques cliniques préventives, le département Prévention Cancer Environnement a lancé l’étude Précôtion en octobre 2022. Profiter de la venue des patients au CLB pour une coloscopie pour les sensibiliser et initier des actions de prévention individuelles en activité physique et nutrition en fonction de leur risque individuel pour réduire le risque de cancer, tel est le principe de cette étude innovante. Les patients inclus dans l’étude sont ceux dont la coloscopie est négative. Ces derniers sont dans une démarche de dépistage, un moment opportun pour donner et recevoir des messages de prévention. Il s’agit donc d’un temps propice pour leur proposer d’intégrer une étude dont l’objectif est de leur fournir des connaissances sur les facteurs de risque de cancer ainsi que des clés pour limiter son risque individuel.
Précôtion ne s’adressant pas à des patients suivis pour un cancer, il était essentiel de leur proposer un suivi à distance afin de ne pas les obliger à revenir à l’hôpital. Une application a donc été créée ainsi que des vidéos et des podcasts. Les échanges avec les professionnels se réalisent tous en visio ou par téléphone.
Olivia Pérol, Responsable Prévention secondaire & tertiaire au Centre Léon Bérard
« Précôtion est une étude unique car il en existe peu en prévention primaire des cancers. En plus de l’objectif de faisabilité de ce dispositif, nous souhaitons savoir s’il est bien accepté auprès des patients et s’il correspond à leurs attentes. Suite à cette étude, nous pourrons conserver ou adapter nos outils »
Faire évoluer les comportements pour limiter le risque de cancer colorectal
Toutes les personnes n’ont pas le même mode de vie et ainsi pas le même niveau de risque de développer un cancer colorectal. Après une première consultation dont l’objectif est notamment d’interroger le patient sur ses habitudes, il est affecté à l’un des trois groupes de l’étude :
- Groupe 1 : risque faible de développer un cancer colorectal
- Groupe 2 : risque modéré de développer un cancer colorectal
- Groupe 3 : risque élevé de développer un cancer colorectal
Chaque groupe bénéficie ensuite d’un programme spécifique, dont le socle est commun. Plus le niveau de risque est élevé, plus les interventions sont conséquentes :
- Groupe 1 : les participants inclus dans ce groupe ont accès à l’application qui permet notamment de communiquer avec les autres participants (volet communautaire de la prévention), aux vidéos et aux podcasts. Ils bénéficient également d’une séance découverte mensuelle d’un sport (yoga du rire, ping-pong…) ainsi que l’accès au journal de bord qui reprend tous les outils disponibles pour s’informer et leur permet de se questionner sur leur comportement et de se fixer des objectifs
- Groupe 2 : en plus de tous les éléments du groupe 1, ces patients bénéficient d’un atelier d’éducation à la santé collectif animé par un professionnel du CLB (en visio) pour transmettre des connaissances et sensibiliser sur les facteurs de risques autour d’un cas témoin. Les patients peuvent échanger entre eux sur leurs expériences personnelles. Les participants sont contactés un mois après l’atelier par téléphone par une diététicienne ou une enseignante en activité physique pour échanger avec eux sur les changements qu’ils ont opéré dans leur mode de vie et donner des conseils.
- Groupe 3 : en plus de tous les éléments des groupes 1 et 2, les patients bénéficient d’une montre connectée pour suivre leur nombre de pas quotidien et leur activité physique et participent à trois entretiens motivationnels individuels avec un professionnel pour les aider à se fixer des objectifs en vue d’adopter un mode de vie plus sain.
Témoignage d'une patiente incluse dans l'étude
« Je suis dans le groupe à risque, le numéro 3, et les conseils de l’équipe m’aident à adopter de nouvelles habitudes alimentaires et sportives, essentielles pour ma santé. Avec les entretiens en visio et l’appli, on ne se sent pas livré à soi-même et on fait le plein de positivisme. C’est important pour rester motivé »
Cette étude, qui se terminera à l’été 2023, inclura à terme 90 participants (30 dans chaque groupe) de moins de 80 ans ayant réalisé dans le mois précédent une coloscopie pour un dépistage de cancer colorectal dont le résultat est négatif. Il s’agit de patient non pris en charge pour un cancer et sans contre-indication à la pratique d’une activité physique. Chaque participant est inclus dans l’étude pour 6 mois. Précôtion a été financée grâce à deux dotations de la Fondation Leem et du laboratoire Sandoz.
Dr Anne Cattey-Javouhey, médecin coordinatrice de l’étude au CLB
"Nous n’avions pas de point de comparaison au lancement de cette étude mais les premiers mois sont très encourageants. La grande majorité des patients acceptent de participer. Après l’annonce du résultat négatif de leur coloscopie, ils sont ouverts à ce qu’on les accompagne pour poursuivre dans ce sens."
- Les cancers colorectaux
En savoir plus
Le cancer colorectal (cancer du côlon ou cancer du rectum) est un cancer fréquemment observé en Europe de l'Ouest, aux Etats-Unis et en Australie. Le cancer colorectal est d'ailleurs aujourd'hui au 3e rang des cancers les plus fréquents, tous sexes confondus.
En savoir plus - 28 fév
Mars Bleu, un mois dédié à la prévention et au dépistage du cancer colorectal
Comme chaque année, le Centre Léon Bérard se mobile à l'occasion de Mars Bleu pour sensibiliser au dépistage du cancer colorectal, 2ème cancer le plus fréquent en France !
Lire l'article