La reprise du travail à l’issue d’un cancer est un enjeu majeur pour un grand nombre de patients. C’est, chaque année, près de 400 000 personnes qui apprennent qu’elles ont un cancer, dont près d’un tiers qui ont une activité professionnelle qu’elles vont devoir partiellement ou totalement mettre à l’arrêt. Le chiffre le plus alarmant est que 20 % des 18-54 ans en emploi au moment du diagnostic ne travaillent plus 5 ans après.
L'association Entreprise et Cancer a réalisé une étude qui porte sur 11 femmes ayant repris une activité professionnelle après un cancer du sein, 11 entreprises, deux proches aidants, un oncologue et un médecin de santé au travail. Ils ont tous exprimé l’importance de la vie professionnelle dans le parcours de santé de ces femmes. Vous pouvez visionner le replay de cette restitution d'étude dans la vidéo ci-dessous.
- Chiffres clés Etude Entreprise et cancer - Septembre 2021
Des professionnels du CLB mobilisés !
Des professionnels du Centre Léon Bérard ont animé des conférences et ateliers pour les patients en fin de traitement et/ou en reprise d'activité professionnelle.
Les Drs Benoîte Mery, oncologue, et Aurélien Maureille, neurologue, ont animé une conférence sur les troubles cognitifs liés aux traitements du cancer.
Ensuite, des conférences interactives ont été proposées :
- Le statut RQTH : pour qui ? pourquoi ? ce qu'il faut savoir
- Le batch-cooking
- La colorimétrie
- Bien être et coiffure
- L'activité physique
Rencontre
A l'occasion de cette journée spéciale, nous avons rencontré Romain Buono, chef de projet du programme PASCA du Centre Léon Bérard sur l'après-cancer.
Quels sont les freins pour le retour au travail pour un patient en sortie de cancer ?
Selon plusieurs enquêtes, plus l’absence d’un salarié a été longue, plus les difficultés qu’il rencontre à son retour sont nombreuses. C’est particulièrement vrai en cas d’arrêt supérieur à 6 mois. Il est donc important de se préparer le plus tôt possible à la reprise, ce qui permet d’anticiper au mieux le retour au travail.
Un certain nombre de complications peuvent gêner la reprise d’activité, à la sortie du cancer : difficultés de concentration, troubles de la mémoire, anxiété, troubles du sommeil, diminution de la force physique, fatigue, douleurs chroniques. Ces symptômes peuvent être transitoires ou permanents selon la situation, mais ils peuvent être très souvent contrôlés ou atténués par des traitements ou des prises en charge non médicamenteuses.
Il convient donc d’en discuter le plus tôt possible avec son médecin traitant et/ou son oncologue ou hématologue.
Quel est l’impact médical du retour au travail pour un patient post-cancer ?
Au moment d’envisager la reprise, il ne faut pas sous-estimer sa fatigue, ni surestimer ses capacités. En amont, il est intéressant de rencontrer le service des ressources humaines, le médecin du travail et le supérieur hiérarchique pour préparer au mieux son retour. Une fois en poste, il est également important d’éviter de s’isoler. En cas de problèmes, il faut en parler rapidement aux interlocuteurs cités.
Des anciens patients évoquent parfois des nouvelles difficultés qui apparaissent jusqu’à plusieurs mois après la reprise : fatigue, réactions inappropriées de la hiérarchie et des collègues, charge de travail inadéquate, suivi médical et activité professionnelle difficiles à conjuguer, perte de repères suite à un changement d’environnement de travail (départ de collègues, changements d’outils de travail).
On peut également modifier sa philosophie de vie, ses priorités, le regard sur le travail. La vie professionnelle peut alors passer au second plan. Cela peut également être le moment de changer de travail, de construire un nouveau projet professionnel et de lui donner un autre sens.
Quelles sont les solutions existantes ou à venir ?
1. Identifier les démarches et les interlocuteurs le plus tôt possible, dès sa maladie, pour anticiper la reprise professionnelle :
- Discuter avec son médecin traitant, qui écoute et qui aide à évoluer la possibilité d’une reprise.
- Contacter son médecin du travail, afin d’initier une visite de pré-reprise (à différencier de la visite de reprise). Elle a lieu au cours de l’arrêt de travail et permet de faire un premier bilan sur la possibilité de la reprise et les éventuels aménagements qui seront à prévoir.
- Contacter le service social de l’assurance maladie qui propose une offre de service pour prévenir les risques de précarisation médico-sociale et/ou professionnelle des assurés sociaux du régime général en arrêt de travail depuis plus de 90 jours.
2. Garder le lien avec son entreprise :
Plus la personne est restée isolée, moins elle sera armée pour son retour dans la réalité de la vie de l’entreprise. Dans la mesure du possible, il faut s’informer des grands changements qui affectent son poste et son environnement de travail. Des formations peuvent être nécessaires pour se remettre à niveau. Un maître-mot : anticiper !
3. Reprendre son activité professionnelle :
- Elle passe par une visite de reprise obligatoire avec le médecin du travail
- On peut opter pour une reprise progressive : le temps partiel thérapeutique
- L’aménagement du poste de travail peut être demandé via le médecin du travail
- La pension d’invalidité avec activité professionnelle peut être demandée en cas de séquelles ne permettant pas, à long terme, de reprendre son activité à plein temps. Elle a pour objet de compenser la perte de salaire qui résulte de la réduction de la capacité de travail
- Le dispositif de Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) qui s’adresse aux personnes en capacité de travailler mais ayant des difficultés de santé qui peuvent avoir des répercussions au travail. Il ouvre notamment des droits à des formations professionnelles qualifiantes, à un bilan de compétence, à un aménagement du poste de travail finançable par des associations, et un accès au réseau Cap Emploi.
4. Demander l’accès à des dispositifs, en cas d’incapacité de reprise de son activité :
- La pension d’invalidité sans activité professionnelle
- La retraite au titre de l’inaptitude au travail