1/ Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis devenu médecin pour prendre soin des personnes malades, les aider. Lorsque j’étais étudiant à Paris, les cours de cancérologie m’ont passionné. Je me suis dirigé initialement vers la médecine interne et me suis spécialisé en cancérologie ; cette spécialisation complémentaire s’appelle désormais formation spécialisée transversale (FST). Mon clinicat s’est déroulé dans un service d’oncologie médicale et c’est naturellement que j’ai réalisé une démarche auprès du conseil de l’ordre pour changer de spécialité et devenir oncologue médical. C’est une spécialité dans laquelle nous lions une relation particulière avec le patient, qui offre un panorama clinique très large et fait l’objet de nombreuses innovations. En très peu d’années, j’ai vu des révolutions spectaculaires dans les traitements.
J’ai fait une thèse de doctorat pendant mon clinicat, et en 2007, je suis parti aux Etats-Unis. C’est un pays très attractif pour un jeune chercheur et qui offre des opportunités incroyables pour se perfectionner dans le cadre d’un postdoc. Initialement, cette mobilité était prévue pour 2 ans mais je suis finalement resté 6 ans au MD Anderson (Houston, TX) le plus grand centre de lutte contre le cancer aux Etats-Unis. C’est pendant cette période que j’ai eu l’opportunité de rencontrer par hasard le Pr Sylvie Négrier, alors directrice générale du Centre Léon Bérard à cette époque, puis Jean-Yves Blay, et Alain Puisieux alors directeur du CRCL lors de plusieurs visites au Centre.
En 2013, je décide finalement de rentrer en France et m’installe à Lyon. Parmi les raisons de ce choix, le dynamisme du Centre et la simplicité des interactions avec les professionnels et responsables de départements m’ont impressionné car c’est un établissement à taille humaine. Aujourd’hui, je suis dans un établissement particulièrement dynamique et très opportuniste. Il était important pour moi d’avoir un temps protégé pour la recherche, en complément de mon activité clinique et d’enseignement.
2/ Quelle place occupe la recherche dans votre quotidien ?
Au sein du CRCL, je dirige l’équipe de recherche intitulée « Analyse intégrée de la dynamique des cancers ». Il s’agit d’une équipe de recherche pluridisciplinaire composée de médecins, pharmaciens, chirurgiens, bioinformaticiens, immunologiste, ingénieurs…L’une des thématiques importantes de notre équipe sont les cancers de la cavité orale (bouche, langue ou gencive). On intègre dans notre réflexion des dimensions cliniques, moléculaires, cellulaires pour comprendre les éléments importants qui se modifient dans le temps et dans l’espace dans la muqueuse orale et qui permettent le développement d’une lésion précancéreuse, d’un cancer mais aussi comment les différents traitements interagissent avec cet écosystème complexe.
Sur le même thème, je dirige le réseau européen INTERCEPTOR qui est tourné vers la compréhension de ses lésions orales ayant un potentiel de transformation maligne. Nos objectifs sont de structurer un réseau de cliniciens et de chercheurs en Europe intéressés par la thématique de la prévention des cancers de la bouche, et de d’imaginer les stratégies de prévention de demain. Ceci fait référence à la notion de prévention personnalisée, qui s’adapte à chaque patient, par exemple en utilisant l’information biologique que l’on peut obtenir sur des prélèvements de muqueuse orale ou de lésions visibles précancéreuses.
3/ Dans quels domaines intervenez-vous auprès des étudiants ?
Aujourd’hui, je suis Professeur des Universités à la Faculté de médecine de Lyon Est. J’enseigne aux étudiants en médecine de 1er, 2e cycle ainsi qu’aux internes (3e cycle) inscrits au DES Oncologie. Je suis responsable avec le Pr Isabelle Ray-Coquard et le Dr Aurélien Dupré d’une unité d’enseignement qui a pour objectif d’apporter des connaissances transversales en cancérologie aux étudiants de 3ème année.
J’enseigne également la communication auprès des patients, que ce soit auprès des étudiants de 4ème année de médecine, ou des internes d’Oncologie. Nous basons cet enseignement sur la simulation relationnelle. C’est une méthode pédagogique qui a fait ses preuves pour l’enseignement d’une compétence essentielle aux métiers du soin. Pour cela, je suis entouré de patients experts et de praticiens qui acceptent de donner de leur temps.
Je suis enfin très impliqué dans le Master Cancer de Lyon et accueille régulièrement dans mon équipe de recherche des médecins en formation souhaitant réaliser un double parcours médecine/science.
4/ Comment répartissez-vous votre temps entre vos différentes activités aujourd’hui ?
En devenant Professeur des Universités (PU-PH) mes trois missions sont la recherche, l’enseignement et le soin. Me concernant, ma semaine est découpée ainsi : 10% d’activité clinique, 30% de recherche, 30% de management et 30% d’enseignement. C’est intense, mais enrichissant intellectuellement et humainement !
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La recherche translationnelle au Centre Léon Bérard
La recherche translationnelle (ou recherche de transfert) se situe entre la recherche fondamentale, dont le travail consiste à comprendre les mécanismes à l’origine du développement d’un cancer, et la recherche clinique qui vise à évaluer l’efficacité et la tolérance de nouveaux traitements sur les patients.
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