Même si le diagnostic et le traitement des cancers ont fait d’énormes progrès ces dix dernières années. Le cancer reste un enjeu majeur de santé publique. Première cause de mortalité dans le monde, avec 9,7 millions de décès en 2022, et en France, avec 162 400 en 2021, l’incidence de cette maladie ne cesse d’augmenter en raison principalement du vieillissement de la population. Ainsi en France, en 2023, on estime à 433 136 le nombre de nouveaux cas  diagnostiqués.
L’utilisation de l’intelligence artificielle et des données de santé pourraient avoir un impact significatif dans la prochaine décennie pour infléchir cette incidence, en facilitant la médecine des 5 P en cancérologie (préventive, personnalisée, prédictive, participative et basée sur les preuves). De nombreux projets de cancérologie s’appuient déjà sur l’IA et les données, mais ils tardent à s’installer en routine clinique. 
Cette situation s’explique par la complexité de la maladie conjuguée à des méthodes de diagnostic (image 3D vs 2D), les évolutions thérapeutiques constantes (ex : immunothérapie) et le temps d’appropriation des solutions par les soignants en interaction avec les patients.

ESPACE a été retenu dans le cadre de la 3e vague des Tiers-Lieux d’Expérimentation en santé numérique en décembre dernier. Financé par le Plan France 2030 pour l’accélération de la santé numérique en France, ce projet sera financé à hauteur d’au moins 1,4 million d’euros sur 3 ans.
Piloté par le Centre Léon Bérard en partenariat avec les Centres François Baclesse (Caen) et Oscar Lambret (Lille), avec le laboratoire CREATIS , partenaire “expert” associé, ESPACE a pour ambition d’accélérer le déploiement de la médecine des 5P en cancérologie, grâce à l’Intelligence artificielle (IA). Le projet est soutenu par la Métropole de Lyon, la Région Auvergne Rhône Alpes, Unicancer, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, le GCS SARA, la société OWKIN, l’INRIA Lyon, le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (CLARA) et Lyonbiopôle.

Les deux premiers projets financés visent les résultats suivants : 

• Améliorer la précision des traitements de radiothérapie. Ce projet est mené en collaboration avec l’entreprise Therapanacea et vise à évaluer un outil de génération d’un pseudo CT à partir d’une IRM. (Projet TheraSPACE) 
• Prédire les risques de ré-hospitalisation liés aux effets indésirables de la chimiothérapie à partir du dossier patient textuel. Ce projet de codéveloppement et d’évaluation d’outil est mené avec la société OSPI. (Projet SoftChemo) 

D’autres projets seront menés et évalués tout au long des 3 ans du projet ESPACE. Tous ces projets permettront des transformations dans les processus organisationnels et pour la qualité de vie au travail des soignants en optimisant les temps de passation sur les appareils ou les tâches pénibles ou répétitives. Ils seront évalués rigoureusement en termes d’impact médical, patient, organisationnel, médico-économique et environnemental.

"ESPACE est une proposition de TLE qui fait preuve de réalisme et s’appuie sur un réseau de compétences familier de l’utilisation des premières solutions d’IA mise sur le marché ou en développement, ajoute le Dr Pierre Heudel, Directeur des Parcours du Centre Léon Bérard. Les partenaires sont conscients de s’engager dans un vrai challenge, un défi qui transformera la prise en charge du cancer pour les patients et les soignants. La montée en charge d’ESPACE autorise d’envisager dans 5 ans une autonomie de l’entité sur les plans financiers et peut être juridique positionnée au centre du réseau d’excellence de lutte contre le cancer, Unicancer." 

Le Centre Léon Bérard est partie prenante d’un autre projet utilisant l’IA. PARTAGES explore l’usage de l’IA générative pour structurer les données médicales et alléger les tâches administratives des soignants.

Le projet PARTAGES, également soutenu par France 2030, vise à explorer l’usage de l’intelligence artificielle (IA) générative, comme ChatGPT, dans le domaine de la santé. Cette technologie, capable de produire du contenu tel que des textes ou des résumés, pourrait alléger les tâches administratives des soignants et faciliter la réutilisation des données médicales à des fins de recherche. Ces innovations permettraient aux professionnels de santé de se concentrer davantage sur leurs patients.

Coordonné par le Health Data Hub (HDH) et pour une durée de 2 ans, PARTAGES réunit une trentaine de partenaires, incluant des hôpitaux, des instituts de recherche et des entreprises. Ils travaillent à développer des outils de transcription automatique des consultations médicales, de production de résumés de dossiers complexes, ou encore de structuration des données pour en faciliter l’exploitation. En oncologie, l’IA pourrait aider à identifier des biomarqueurs tumoraux, sélectionner des patients pour des essais cliniques ou évaluer l’efficacité des traitements. Ces approches, encore en développement, visent à personnaliser les soins et accélérer la recherche clinique.
Les outils créés dans le cadre de PARTAGES seraient mis à disposition en open source, favorisant leur diffusion au sein de tout l’écosystème de la santé.