Cancer du sein et activité physique adaptée : 3 questions à un expert, Rodolf Mongondry

APA

À l'occasion d'octobre rose, nous avons interrogé Rodolf Mongondry, enseignant en activité sportive adaptée au Centre Léon Bérard, sur la relation entre le sport et les patients atteints d'un cancer du sein.

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Je m’appelle Rodolf Mongondry, je suis responsable de l’équipe des enseignants en activité physique adaptée (APA) du Centre Léon Bérard (CLB) dont je fais partie depuis 2017. Je suis donc en charge de la coordination des différents programmes d’activité physique.

  • Au centre Léon Bérard, qu'est ce qui est proposé aux patientes atteintes d'un cancer du sein en APA ?

Historiquement, lors de sa création en 2010, le programme APA était dédié uniquement aux femmes en traitement pour un cancer du sein, mais aujourd’hui, quel que soit le type de cancers, tous les patients du CLB peuvent être accompagnés en APA s’ils le souhaitent. Cela peut concerner les patients en hospitalisations conventionnelles (directement dans leur chambre d’hopital), en ambulatoire (c’est-à-dire venant pour une cure de chimitohérapie par exemple) mais également en distanciel avec des visio-conférences, des fiches d’entraînement et des outils connectés. Les patientes atteintes d’un cancer du sein peuvent avoir accès à toutes les activités proposées, comme le yoga, les pilates, des circuits training de gymnastique, de la fit dance, de la marche nordique... La seule condition pour y participer est un certificat d’aptitude à l’APA, délivré par l’oncologue. À la suite de cela, un bilan sera réalisé avec un enseignant en APA pour évaluer les besoins, les attentes et les capacités du patient. En cas de cancer du sein, cela peut donc signifier que des mouvements puissent être adaptés en fonction des interventions chirurgicales subies. En fonction de l’état physique et de la motivation du patient, ce dernier peut bénéficier jusqu’à 26 séances d’APA, c’est-à-dire environ 2 séances par semaine pendant 3 mois. À la fin de ce cycle, un bilan est de nouveau réalisé, cette fois-ci « final », ainsi qu’une prescription sur ordonnance d’activité physique afin que le patient puisse poursuivre son effort. Au CLB, il n’existe donc pas de programme spécialement dédié aux personnes ayant un cancer du sein ou alors d’activités contre-indiquées, celle-ci peuvent toutes être adaptées, par exemple en modifiant l’amplitude de certains mouvements ou alors en réduisant la charge.

  • Des recherches sont-elles menées faisant le lien entre activité physique et cancer du sein ?

Il existe en effet cinq études portant sur l’APA et le cancer du sein qui ont été menées ou sont en cours au CLB. La première s’appelle PASAPAS et a démontré la faisabilité de l’APA pendant les traitements chez les femmes atteintes d‘un cancer du sein localisé. Ensuite, il y a eu l’étude ESPAS qui a observé les facteurs prédictifs du maintien de l’activité physique à distance d’un chez des femmes atteintes d’un cancer du sein. Puis plus récemment, il y a eu l’étude ABLE qui s’est intéressée au cancer du sein métastasique et a donné des premiers résultats positifs concernant la faisabilité de l’APA auprès de cette population. Aujourd’hui, l’étude ABLE02 est une étude multicentrique, randomisée, qui pousse le sujet d’ABLE un peu plus loin en évaluant l’impact de l’intervention de l’APA sur la qualité de vie des patientes. La cinquième étude s’appelle DISCO, c’est un projet de recherche lui aussi multicentrique, randomisé qui vise à mesurer l’efficacité et identifier la place d’un dispositif connecté au près des femmes atteintes d’un cancer du sein localisé. Elles disposent d’une montre connectée avec 2 marches audio-guidées par semaine ainsi qu’une séance de renforcement musculaire par semaine prenant en compte leur fatigue et leurs potentielles contre-indications.

L'ESPACE PYRAMIDE

Situé sous la pyramide devant le Hall 1 du CLB, l'espace pyramide est le lieu où les patients pourront réalisés leurs séances de sport

Apa

  • De ton point de vue d'enseignant en activité physique adaptée, que souhaiterais tu dire aux femmes touchées par le cancer du sein ?

Il est important d’entamer de L’APA le plus tôt possible dès le diagnostic. En effet, l’activité physique adaptée permet d’avoir une meilleure qualité de vie sous plusieurs aspects. Elle permet déjà de mieux supporter les traitements en réduisant la fatigue et tous les autres effets indésirables causés par la toxicité des traitements. La pratique de l’activité physique pendant les traitements permet aussi d’obtenir un maintien ou une amélioration de la condition physique au niveau cardio-respiratoire et d’avoir un meilleur contrôle sur son poids en limitant la prise de masse grasse et/ou la perte de masse musculaire Mais l’APA permet aussi de rencontrer du monde et des personnes dans la même situation, d’adopter un lien différent avec le CLB, de s’insérer socialement, d’avoir un rythme, et finalement d’être réellement acteur de son parcours de soin. L’APA a montré un réel impact dans la prévention primaire ainsi que la prévention des rechutes de cancer du sein. Pratiquer régulièrement une activité physique permet de réduire le risque de développement d’un cancer du sein de 10 à 27% et de diminuer le risque de rechutes de 24%. L’APA est un réel moyen d’agir positivement sur sa santé.