Les plasmocytes sont des cellules ayant pour rôle à l’état physiologique de fabriquer les anticorps (ou immunoglobulines) nécessaires à la défense du corps humain contre différents agents infectieux. Pour des raisons mal connues, il peut arriver qu’un de ces plasmocytes devienne cancéreux, se multiplie en très grand nombre, et finisse par être à l’origine d’un clone de plasmocytes malins, initialement tous identiques entre eux, et produisant tous le même anticorps (immunoglobuline monoclonale). A partir d’un certain niveau, cette prolifération de plasmocytes malins peut conduire à l’apparition de différents symptômes.
Le terme de myélome « multiple » s’oppose à un autre diagnostic de tumeur plasmocytaire, le plasmocytome « solitaire », situé dans le tissu osseux ou les tissus mous, dans lequel la moelle osseuse n’est initialement pas impliquée.
Cette maladie représente environ 1% de l’ensemble des cas de cancer et environ 10% de l’ensemble des cancers hématologiques, dont il vient au second rang après les lymphomes non hodgkiniens (environ 4500 nouveaux cas par an en France).
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Symptômes
La découverte fortuite d’une immunoglobuline monoclonale à faible taux dans un examen sanguin systématique est fréquente à partir d’un certain âge ; si l’on estime que le clone de plasmocytes tumoraux est faible (< 10% des cellules de la moelle osseuse), on parle de « dysglobulinémie monoclonale de signification indéterminée », qui ne justifie pas de traitement mais une surveillance régulière. Lorsque ce clone atteint ou dépasse 10% des cellules de la moelle osseuse, on retient le diagnostic de myélome multiple.
Dans un premier temps, certains myélomes ne déclenchent aucun symptôme chez le patient, et les tests sanguins ne retrouvent pas d’autre anomalie que la présence de l’immunoglobuline monoclonale : on parle de « myélomes multiples asymptomatiques ». A l’heure actuelle, il n’y a pas de consensus international sur la nécessité de traiter ce type de myélome, et ils sont la plupart du temps surveillés.
On parle de « myélome multiple symptomatique » lorsqu’apparaissent des symptômes cliniques (fatigue, douleurs osseuses, fractures) ou biologiques (anémie, hypercalcémie, insuffisance rénale).
Le myélome multiple symptomatique doit être rapidement pris en charge et traité.
Diagnostic
Le diagnostic de dysglobulinémie monoclonale repose sur un examen sanguin ou urinaire, l’électrophorèse des protéines, qui consiste à séparer dans un champ électrique les différentes protéines du sérum ou de l’urine.
Le diagnostic de myélome repose sur un examen de la moelle osseuse, le myélogramme, qui consiste aspirer du sang médullaire au niveau d’un os plat, sternum ou bassin. Ce sang est étalé sur des lames pour être coloré et observé au microscope, et recueilli dans un tube pour des analyses complémentaires permettant d’avoir des éléments sur le pronostic de la maladie (cytogénétique).
Le diagnostic de l’atteinte osseuse repose sur différents examens de radiologie ou de médecine nucléaire : scanner osseux corps entier « low dose » (c’est-à-dire faiblement irradiant), IRM du rachis ou du corps entier, TEP-scan.
Même si certains examens très spécialisés de cytogénétique sont adressés au centre national de référence (CHU de Toulouse), l’ensemble du bilan est réalisé au Centre Léon Bérard.
Traitements spécifiques du myélome multiple
Grâce à l’ensemble des traitements spécifiques actuellement disponibles, le myélome multiple est devenu une maladie chronique, que l’on ne peut toujours pas guérir définitivement, mais que l’on peut traiter à de nombreuses reprises successives.
Chaque poussée évolutive fait l’objet d’une « ligne de traitement », décidée de façon collégiale par l’ensemble des hématologues et des différents spécialistes du Centre au cours d’une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP).
Le traitement de première ligne, c’est-à-dire le premier traitement proposé au patient après le diagnostic, dépend de son âge, des autres problèmes de santé qu’il peut connaître et de sa condition physique globale.
Prise en charge globale du myélome multiple
En parallèle des traitements spécifiques, tout un éventail de soins de support est disponible pour assurer au patient une prise en charge globale de qualité et une qualité de vie optimale : traitement de l’atteinte osseuse, de l’anémie, prévention de l’infection, prise en charge nutritionnelle, psychologique, sociale... Ces soins de support sont gérés non seulement par l’hématologue, mais également par les équipes du Département Interdisciplinaire de Soins de Support du Patient en Oncologie (DISSPO) et différents spécialistes, médecins ou chirurgiens.
La gestion des problématiques osseuses fait appel à une RCP spécifique à laquelle participent radiologues, rhumatologues, radiothérapeutes et chirurgiens.
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Il est souhaitable d’être entouré tout au long de cette prise en charge
Association Française des Malades du Myélome Multiple (AF3M)
Les avancées en cours dans le traitement du myélome multiple
Les possibilités thérapeutiques ont beaucoup évolué depuis une quinzaine d’années, et particulièrement depuis 2015, époque à laquelle sont apparues de très nombreuses molécules actives dans cette maladie, permettant d’améliorer l’efficacité des traitements de première ligne et des rechutes.
D’autres stratégies de traitement sont en cours d’évaluation, notamment dans les maladies très évoluées, comme les anticorps bispécifiques et les CAR T cells.
Les hématologues du Centre Léon Bérard peuvent d’ailleurs proposer l’inclusion dans certains essais thérapeutiques concernant le myélome multiple.