Créé en 1995, le réseau MESOPATH, réseau d'expertise anatomopathologique et de recherche sur les tumeurs de la plèvre, fait maintenant partie du réseau labellisé par l’Institut national du cancer en 2020 de tumeurs rares NETMESO, coordonné par le Pr A. Scherpereel (CHU de Lille) coordinateur également du réseau MESOCLIN pour le volet clinique. L’objectif du réseau NETMESO est l’amélioration de la prise en charge des patients atteints de mésothéliome pleural malin.
Le volet anatomopathologique MESOPATH est coordonné par le Pr Sylvie Lantuejoul, médecin anatomopathologiste au Centre Léon Bérard où se situe le Centre National Référent (CNR). Ce réseau MESOPATH réunit 24 experts français en anatomopathologie pour cette maladie. Le Pr Sylvie Lantuejoul nous le présente.
- Quelles sont les missions du réseau MESOPATH ?
Pr Sylvie Lantuejoul : La première est la certification diagnostique des mésothéliomes. Cette certification a deux objectifs, d’une part assurer une prise en charge optimale des patients où qu’ils résident en France, et, d’autre part, permettre la reconnaissance médico-légale de la maladie pour les patients exposés à l’amiante. Cette reconnaissance s’accompagne pour eux d’une compensation financière par les Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), et/ou par le Fonds d'indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA).
Le réseau MESOPATH assure la certification diagnostique des mésothéliomes pleuraux et du péricarde. Les pathologistes du réseau RENAPE, coordonné par le Pr Olivier Glehen, (Hospices Civils de Lyon), est en charge de la certification diagnostique des tumeurs du péritoine et la vaginale testiculaire. Tous les pathologistes de NETMESO et RENAPE sont regroupés au sein de l’association « Collège MESOPATH) et certains font partie du Panel International des Mésothéliomes dont Sylvie Lantuejoul est trésorière.
- Quel est le rôle du Centre Léon Bérard dans ce réseau ?
Le Centre Léon Bérard héberge depuis 2015 le Centre national référent MESOPATH qui organise la certification diagnostique de tous les cas suspects de mésothéliome en France. Il s’appuie sur 24 experts régionaux anatomopathologistes et qui reçoivent pour expertise les prélèvements suspects de mésothéliome de leur région. Tous les prélèvements sont adressés ensuite à Lyon pour organiser la certification collégiale du diagnostic par 3 experts. Nous organisons également des réunions mensuelles dites de consensus pour les cas difficiles ou discordants, ou à la demande du FIVA.
Le Centre Léon Bérard travaille également avec Santé Publique France pour l’installation en 2023 d’un « guichet unique des mésothéliomes » dans le cadre du Dispositif National de Surveillance du Mésothéliome (DNSM). Ce dispositif doit permettre un enregistrement exhaustif de tous les cas diagnostiqués dans notre pays, qu’il s’agisse des cas analysés par les anatomopathologistes ou des cas détectés par les cliniciens, le mésothéliome faisant partie de la liste des maladies à déclaration obligatoire. Ce guichet permettra d’optimiser les enquêtes à visée épidémiologique de Santé Publique France pour les patients.
Qu’est-ce que le mésothéliome
Le mésothéliome est un cancer rare des séreuses qui peut toucher la plèvre, le péricarde, le péritoine ou la tunique vaginale testiculaire. Le mésothéliome pleural malin, forme dite primitive de cancer de la plèvre, est la forme la plus fréquente. Son incidence est d’environ 1400 nouveaux cas par an, principalement chez les hommes de 60 à 80 ans. On retrouve cependant de plus en plus de sujets jeunes et de femmes, sans que les causes de cette évolution ne soient encore totalement identifiées.
80 à 85% des mésothéliomes sont dus à une exposition professionnelle à l’amiante notamment chez les hommes, ayant pu survenir plusieurs dizaines d’années avant le développement de la maladie. En savoir plus sur le mésothéliome et ses facteurs de risque : cliquez-ici
- Pourquoi le Centre Léon Bérard a-t-il été choisi pour abriter MESOPATH ?
Le CLB met à disposition un plateau technique de haut niveau et innovant au sein du département de Biopathologie (cheffe de département Dr Catherine Chassagne, responsable d’UF D Pissaloux), avec un accès aux techniques de FISH (hybridation in situ fluorescente), ou de biologie moléculaire, notamment transcriptomiques analysées en collaboration l’équipe de Franck Tirode (CRCL). Le CLB abrite également la MESOBANK - Unicancer au sein de laquelle sont collectés les échantillons des patients, et sa base de données clinico-biologiques nationale soutenue par l’Institut national du cancer (INCa). Ses missions sont de servir la recherche fondamentale et translationnelle sur le mésothéliome. La MESOBANK gérée par la Plateforme de gestion des échantillons biologiques du CLB (responsable : Séverine Tabone Eglinger) et le comité scientifique de la MESOBANK. Ce comité scientifique se réunit 6 fois par an pour discuter des projets de recherche impliquant un accès aux ressources de la MESOBANK, afin de valider la mise à disposition du matériel et de données associées. La MESOBANK est composée d’une banque virtuelle de prélèvements congelés conservés par les experts régionaux et d’une blocothèque des prélèvements examinés lors de la procédure de certification diagnostique. Les prélèvements sont conservés dans le respect du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
- Quels sont les projets de recherche cliniques ou fondamentaux menés au CLB ?
Nous sommes co-investigateurs de deux Programmes de recherche translationnelle en Cancérologie (PRT-K) de l’Institut national du cancer (INCa), avec Lynnette Fernandez-Cuesta, chercheur au Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC-IARC). Nous avons coordonné en 2018, dans le cadre des programmes OncoStarter du Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (CLARA), le projet de recherche translationnelle ARDAM : Analyse des réponses aux dommages de l’ADN dans les mésothéliomes. D’autres projets sont en cours notamment avec le panel international des mésothéliomes, le Pr Forest (CHU St Etienne) et RENAPE (Dr N. Benzerdjeb, CHU Lyon) sur la caractérisation de tumeurs de bas grade du péritoine avec fusions spécifiques ou des lésions multikystiques du péritoine (Dr P Dartigues, GR).
MESOPATH en chiffres
- En 2021, MESOPATH a examiné 1351 cas, dont 755 adressés par des centres experts régionaux, et 596 cas reçus directement pour expertise au CLB.
- Sur les 1351 cas : 187 concernaient le péritoine ou la vaginale testiculaire, 1108 la plèvre ou le péricarde et 56 cas une autre localisation.
L’équipe du Centre Léon Bérard est composée :
- 1, 2 ETP médecin
- 1 cheffe de projet recherche
- 1 cheffe de projet base de données
- 2 techniciens de laboratoire
- 1 Attaché de recherche clinique (ARC)
- 2 ETP d’assistante médicale