Bonjour, je m’appelle Carine et j’ai 42 ans. Aujourd’hui, je ressens l’envie de faire part de mon expérience avec le cancer du sein mais aussi, et surtout, avec la reconstruction mammaire. J’ai eu un parcours relativement atypique, et éprouvant…
Tout commence en juillet 2018, j’ai comme une sensation de boule dans le sein. Au début je ne m’inquiète pas, je laisse traîner, passer l’été… mais au bout de plusieurs semaines cette boule commence à être douloureuse alors je décide de consulter. Je commence par un rendez-vous chez mon médecin traitant, qui me prescrit une radiographie. Ensuite, tout s’enchaîne et assez rapidement. Inquiet, le radiologue me prescrit une mammographie puis une consultation en oncologie dans un hôpital lyonnais. Mi-août le verdict tombe, et moi avec… J’ai un cancer du sein. Tout se poursuit à une cadence folle. En septembre 2018, j’effectue une mastectomie totale du sein droit. Une biopsie est alors pratiquée, elle permet aux médecins de déterminer mon type de cancer, c’est un cancer du sein double, in-situ et infiltrant. Première « bonne nouvelle », je n’aurais pas à faire de chimiothérapie, mais je vais devoir partir pour 5 ans d’hormonothérapie, qui est un traitement lourd, qui m’a fait prendre 20kg. Pour des raisons médicales et au vu du bon pronostic de mon cancer, je n’ai effectué que 3 ans de ce traitement.
Même si beaucoup de choses se sont passées depuis le début de ma prise en charge, je ne suis pas au bout de mon parcours de soin, car je souhaite une reconstruction mammaire.
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Le cancer du sein
En 2019, dans l’hôpital où je suis prise en charge, on me propose une reconstruction par prothèses, je décide alors de faire confiance. Une intervention est effectuée, et la reconstruction de mon sein droit est faite avec la peau de mon abdomen ainsi qu’une prothèse. Afin de symétriser mon sein gauche, on me pose aussi une deuxième prothèse. La reconstruction de mon mamelon est-elle, réalisée en décembre 2019. Je m’attends à être soulagée mais je suis pourtant très peu satisfaite du résultat, s’ajoute à cela ma prise de poids due à mon traitement. Les mois passent et je ne me reconnais plus. Je suis épuisée par ce que je viens de vivre et ma reconstruction mammaire ne me convient absolument pas. Se passent de long mois sans que je puisse agir, je n’arrive plus à me regarder dans le miroir et je n’ai plus la force de me battre. Ces longs mois se transformeront en années.
Pendant 2 ans, je me cache et mon moral est au plus bas. Mais je finis par retrouver la force de me battre et de consulter une nouvelle fois pour retrouver mon corps d’avant cancer.
Mon médecin traitant est à mon écoute et me propose plusieurs noms de professionnels. Je me rends d’abord dans un cabinet privé où le rendez-vous ne se passe pas bien, le chirurgien n’est pas à mon écoute et ne semble pas tenir compte de mon statut de « cancéreuse ». Ce moment est très difficile pour moi, mais je suis une battante et décide de poursuivre mes recherches. C’est à ce moment-là que je me rends au Centre Léon Bérard pour une consultation avec le Dr Dammacco, et là, tout change. Le contact est tout de suite différent, je sens le Dr à mon écoute. C’est un soulagement immense, je suis à ma place et légitime ! Le Dr Dammacco prend le temps de me rassurer. C’est autant une prise en charge psychologique que physique. Ma perspective de reconstruction s’éclaire.
Être soignée au Centre Léon Bérard me redonne de la motivation à poursuivre ce parcours. L’ensemble de l’équipe médicale connaît parfaitement ma pathologie, j’ai accès à tout ce dont j’ai besoin et je me sens comprise. Débute alors la dernière ligne droite.
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La reconstruction mammaire
Lors des consultations avec le Dr Dammacco, je pose énormément de questions, le Dr est aussi très clair avec moi, elle me laisse le temps de réfléchir et se tient à ma disposition. Elle me propose même d’avoir des seconds avis si j’en ressens le besoin. Elle prend également en compte mes 20kg « en trop ». Elle explique que cette prise de poids ne sera pas un ennemi à ma reconstruction, mais qu’au contraire elle va « s’en servir ». Ces mots m’apaisent et me motivent.
Je prends quelques semaines de réflexion, mais pour moi peu de doutes. Je veux que ma reconstruction soit faite au Centre Léon Bérard.
Après l’étude de mon dossier, le Dr Dammacco me propose une reconstruction par DIEP. C’est une technique qui n’est pas encore très répandue, j’ai quelques appréhensions mais l’équipe soignante a l’air très habituée à celle-ci et clame son succès chez les patientes… je décide alors d’accepter cette proposition. Nous fixons rapidement une date d’intervention et je réussis peu à peu à avoir de nouveau confiance en l’avenir.
Ma reconstruction mammaire par lambeau DIEP a lieu le 27 septembre 2021, et dès mon réveil je me sens transformée, aussi bien mentalement que physiquement. Tout s’est déroulé à merveille, je n’y suis allée sans aucune crainte et mise à part les douleurs postopératoires je me sens très bien. Malgré les bandages, je visualise déjà le résultat et j’en suis ravie. Le 21 mars suivant a lieu la seconde opération de lipomodelage, et à la suite de celle-ci j’ai enfin mon physique final. Je suis bouleversée de bonheur et incroyablement soulagée. Je me sens finalement moi-même ! Et je vois aussi le bout du tunnel. Mon corps ne représente plus que « le cancer », j’ai l’impression d’avoir enfin le contrôle. Mais il faut prendre en compte que cette acceptation (positive) de ce nouveau corps est un processus qu’il faut accueillir avec bienveillance et tolérance. Je réapprends peu à peu à m’aimer, même avec cette cicatrice abdominale, qui fait maintenant partie de mon histoire.
Le Dr Dammacco « m’a redonné vie », et c’est là qu’on se rend compte que la maladie en elle-même n’est qu’une étape dans le parcours de soin.
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La reconstruction mammaire par DIEP
Ce que je voudrai dire aux personnes malades qui traversent le même combat que le mien c’est de ne pas abandonner mais aussi de ne pas minimiser ce qui vous arrive. Vous êtes légitime dans toutes les démarches que vous entreprenez pour aller mieux et personne ne doit vous faire ressentir le contraire. Être malade, c’est une période durant laquelle vous allez devoir être égoïste. Il faut vous écouter et faire les choix qui vous font du bien à vous, et seulement vous. J’insiste aussi sur le fait qu’il va falloir être combatif, cela ne signifie pas que vous n’allez jamais craquer, mais que quoi qu’il arrive, vous allez être en mesure de vous relever. N’hésitez pas à pousser plusieurs portes, à être curieux, à poser des questions… vous allez devoir être acteur de la prise en charge de votre cancer.