Pouvez-vous nous expliquer quand et comment vous avez appris que vous aviez un cancer du sein ?
J’ai appris mon cancer en octobre 2016, à 39 ans. J’avais vu ma gynéco 5 mois avant pour mon rendez-vous annuel. Elle m’avait pratiqué l’autopalpation mais elle n'avait rien trouvé. Quelque temps après, j’ai ressenti une petite douleur quand mon compagnon s’allongeait contre moi. En touchant mes seins, j’ai senti une grosse boule assez dure. Le lendemain j’ai pris rendez-vous chez mon médecin généraliste qui m’a prescrit une mammographie et une échographie que j’ai fait de suite. Le radiologue ne m’a pas dit le mot cancer mais je l’ai rapidement compris. Une boule de presque 4 cm, au contour irrégulier, je savais que ce n’était pas bon. J’ai pris rendez-vous au CLB le lendemain pour réaliser une biopsie.
Quel a été votre sentiment à l’annonce de votre maladie ?
C’est comme si un gros missile venait nous percuter en pleine figure. Sur le coup on fond en larmes. J’ai eu très peur car c’était déjà une boule de 4 cm alors que 5 mois avant il n’y avait rien. On s’imagine alors le pire, je pensais que c’était un cancer fulgurant et que c'était trop tard pour le soigner correctement. Une fois ce sentiment passé, je ne pouvais pas rester passive à attendre que les choses se passent, je voulais être actrice du combat qui se préparait. En fouinant sur Internet, j’ai trouvé les BD de Lili Sohn « La guerre des tétons » qui m’ont beaucoup aidé. De là, je me suis dit, moi aussi je vais faire quelque chose de ce cancer ! J’ai donc commencé à écrire un journal de bord. Au début c’était pour moi, pour me sentir mieux, mais maintenant j’ai envie de le partager pour aider d’autres femmes. En attendant de pouvoir, je l'espère, le publier, j'ai ouvert un blog sur Facebook pour parler de mon combat.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes ?
De ne pas croire qu’elles sont protégées par leurs jeunes âges. Moi, j'ai toujours entendu parler de la mammographie à partir de 50 ans et on pense qu’avant cet âge on est protégé. J'échange avec plusieurs femmes touchées par le cancer du sein, et nombreuses sont jeunes. Le conseil que j’ai envie de leur donner c’est attention ça n'arrive pas qu’aux autres. Il ne faut pas non plus se faire du souci mais soyez vigilantes sur les signes d’alertes (ganglion, sein déformé, écoulement du téton,…) et consultez votre médecin rapidement si cela est nécessaire.
A l’occasion d’Octobre Rose, vous avez décidé de réaliser une vidéo centrée sur le dépistage, pourquoi ce sujet est-il essentiel pour vous ?
J’ai toujours été sensible aux campagnes Octobre Rose car plusieurs femmes de ma famille ont été touchées lorsque j’étais plus petite. Cette année c’est différent je suis touchée. Quand ça nous arrive, on prend conscience de l'ampleur de la maladie et de ce qu'elle fait vivre. La maladie est une étape de la vie qui demande beaucoup d’adaptation. Malgré des moments difficiles, et je sais qu’il y en aura encore, je garde également de bons souvenirs, notamment de mes copines qui m'ont accompagnée en chimio et des belles rencontres que j'ai pu faire. Je ressors plus forte de cette année de combat contre le crabe et plus sure de moi.
Pourquoi une vidéo sur le dépistage ? Il est essentiel d'être informée pour pouvoir réagir au plus vite. Moi, ça m'a sauvé la vie. L’objectif de cette vidéo est également de donner de l'espoir aux personnes en soins. J’ai eu un cancer mais je suis là, souriante et avec l'envie de croquer la vie à pleine dent.