Lorsqu’on rencontre Anne, 43 ans, campée dans ses baskets, on se dit tout de suite que l’on a affaire à une femme sportive. Pourtant, elle nous arrête tout de suite : « En réalité, avant mon cancer, je ne faisais pas du tout de sport. Cela me trottait dans la tête de m’inscrire dans une salle, mais je n’avais pas sauté le pas ».
Et puis il y a quelques mois, elle apprend qu’elle a un cancer du sein. « C’est le médecin du Centre Léon Bérard qui m’a dit dès le début, d’un ton assuré, que si je voulais éviter la fatigue liée à mes traitements, il fallait que je bouge et avait même ajouté que plus je serais fatiguée, plus il faudra que je fasse du sport !
Je n’avais pas trop d’idée de ce que je pouvais faire comme type d’exercices, ou si ces exercices que j’allais faire toute seule me fatigueraient trop ou au contraire ne seraient pas assez efficaces : c’est alors l’équipe médicale qui m’a orientée vers les cours d’activité physique adaptée du Centre Léon Bérard. »
Quelques jours avant sa première cure de chimiothérapie, Anne saute le pas et appelle les enseignants d’APA pour s’inscrire à son premier cours. Elle opte pour la marche nordique, qui se déroule au parc de Parilly.
« Honnêtement, même si je ne connaissais personne, j’ai vite repéré tout le monde avec les foulards.
J’ai trouvé ça super, notamment pour le travail des bras avec l’utilisation des bâtons, qui font travailler un petit peu tout le corps, on le sent bien avec la marche nordique, c’est en réalité très différent de la marche classique. L’enseignant vous met tout de suite à l’aise, vous montre les bons mouvements. Et puis l’accueil est sympa, convivial. J’ai aussi fait plusieurs cours de gym, avec l’utilisation d’un step et avec des chorégraphies dansées, ce qui permet vraiment de sortir de la monotonie et permet de laisser la place à la créativité. »
« En faisant une activité physique, on a aussi l’impression d’être acteur de la maladie : ce n’est pas le cancer qui me commande, c’est moi qui agis sur lui. »
Sans compter que ces cours d’activité physique adaptée ont aussi selon elle un vrai apport social.
« L’effet de groupe est très intéressant : vous rencontrez plein de femmes qui vous donnent toujours plein de conseils. On parle de la pathologie, mais de manière très détendue.
Et là, vous êtes sûre de trouver une écoute auprès de gens qui comprennent bien, forcément, ce que vous vivez. En plus dans le groupe on est tous un peu amochés par la maladie, et le fait que l’on soit tous ensemble, il n’y a aucun regard insistant. Les personnes présentes sont toutes à différents stades de la maladie à la fois sur le début de traitement, mais aussi sur la fin de traitement, et l’on compare un peu nos expériences : cela m’a beaucoup apporté et m’a donné des informations. »
C’est d’ailleurs pour elle un point essentiel : s’informer sur les bienfaits du sport lorsque l’on est atteint d’un cancer a été une véritable motivation pour se rendre régulièrement aux cours d’activité physique et pour réintroduire quotidiennement le sport chez elle.
« Si vous allez à l’APA sans trop savoir ce que cela vous apporte, c’est moins motivant : il est important de connaitre les études, de voir ce que l’on peut y gagner. Et les chiffres sont là pour nous prouver que oui cela fonctionne, oui cela augmente nos chances de guérison. Je suis dans une phase où j’essaie de trouver tout ce qui peut faire que mes traitements marchent, et que je m’en sorte.
Tout est bon à prendre et ces infos-là, on en a vraiment besoin : c’est dommage qu’il y ait des femmes qui n’aient pas conscience des bienfaits de l’activité physique contre le cancer. »
Le sport est ainsi devenu une évidence pour Anne. Elle reconnait même qu’elle se sent bien moins en forme les semaines où elle ne fait pas d’activité sportive, à la fois physiquement mais aussi moralement : le sport se transforme en une vraie thérapie avec des changements qui se jouent à long terme.
« Si je n’avais pas fait l’APA, et que je n’avais pas vu tous les bienfaits du sport, rajoute Anne, je ne sais pas si j’aurais vraiment démarré une activité physique seule. L’APA vous aide à prendre goût au sport et à finaliser votre projet initial. Et je ne compte pas m’arrêter là ! »
* le prénom a été changé
Quelques chiffres sur l’activité physique et le cancer
- Le risque de décès par cancer du sein ou de récidive d'un cancer du sein est diminué de 20 à 50 % chez les femmes qui marchent 3 à 5 heures par semaine, par rapport à celles qui marchent moins de 3 heures par semaine.
- Un risque de rechute réduit de 44 % pour les femmes qui marchent 30 minutes par jour 6 fois par semaine.