En milieu hospitalier, et tout particulièrement dans un centre spécialisé en cancérologie comme le Centre Léon Bérard, le travail d’assistante sociale a une définition bien spécifique.
« Concrètement, nous avons une mission de service social hospitalier, où il s’agit d’aider les patients et les familles qui connaissent des difficultés sociales à retrouver leur autonomie. Il faut garder en tête que la maladie cancéreuse génère une déstabilisation sociale, économique et familiale importante qui peut engendrer de la précarité. Il suffit que la personne soit dans une situation fragile préalablement et le cancer va malheureusement accélérer le risque de précarisation ».
Les patients, s’ils se sentent en difficulté, peuvent alors venir toquer à la porte du service, mais bien souvent, ils n’osent pas vraiment. « Ce sont les médecins et de manière générale les soignants qui vont déceler un problème et orienter les patients. Nous avons notamment mis en place des fiches de dépistage, avec un questionnaire précis, ainsi que des dépistages spécifiques en oncogériatrie. L’objectif est d’intervenir le plus en amont possible afin d’éviter que nos patients se retrouvent dans des situations inextricables ».
« On se rend compte que si la médecine a beaucoup progressé, la société n’a pas suffisamment avancé : on soigne de mieux en mieux mais de nombreuses situations sociales fragiles émergent, malgré les divers plans cancer »
L’accompagnement est donc personnalisé, avec un suivi individuel en fonction de chaque situation, pour pouvoir orienter les patients et les épauler. L’équipe doit alors se tenir particulièrement informée de l’ensemble des dispositifs existants, en communiquant régulièrement avec les différents organismes d’aides à disposition.
A côté de cela, le service social a aussi souhaité développer au sein du Centre Léon Bérard une vraie mission originale d’information des publics.
« En ce sens, nous avons mis en place l’automne dernier, en partenariat avec le service social du CARSAT du Rhône, des ateliers d’informations sur des sujets évoqués par nos patients. Nous avons ainsi pu parler du retour à l’emploi, des droits des patients ou encore du sport et de la nutrition, autour d’intervenants dédiés. Une belle aventure humaine dont l’objectif était à la fois de diffuser de l’information mais aussi de créer du lien social : cela a très bien marché et nous recommençons dès le mois de mars ! »
Face au cancer ces dernières années, les situations sociales se sont malheureusement souvent complexifiées.
Crise économique, déstabilisation professionnelle, « la réalité c’est que la médecine et la cancérologie ont fait des progrès incroyables, mais que tout est allé très vite. La société n’a pas encore créée de structures ou d’aides qui prendraient en compte l’ensemble des situations sociales auxquelles nous sommes confrontés. Nous qui sommes à l’interface du milieu médical et de la société, nous sommes aussi là pour faire remonter les besoins et pour faire avancer les choses pour nos patients ».