Cancer du sein et alimentation : les bonnes recettes

Alimentation

4 questions à Marina Colombani, diététicienne du Département Cancer Environnement du Centre Léon Bérard, sur l'alimentation pendant le cancer du sein.

Cancer du sein et alimentation : les bonnes recettes Cancer du sein et alimentation : les bonnes recettes 2018-09-13T12:56:15+02:00 2019-02-04T14:42:32+01:00 /sites/default/files/2018-09/alimentation.jpg

Parole d'expert

Elle aborde les spécificités du cancer du sein, le régime, les compléments alimentaires,...

1/ Les traitements du cancer du sein ont-ils une influence sur le poids ?

Il est prouvé que les traitements du cancer du sein induisent une prise de poids chez plus de 50% des patientes. Cette prise de poids peut être délétère sur le risque de rechute et de deuxième cancer. On observe également une augmentation des marqueurs de l’insulino-résistance (situation métabolique qui  favorise une prise de poids voire l’apparition d’un diabète) et certaines patientes manquent d’activité physique ou diminuent leur activité habituelle.

La prise de poids est donc une plainte très fréquemment rencontrée  chez les femmes atteintes de cancer du sein, et mon rôle est de les accompagner à mieux gérer leur alimentation.

2/ Puis-je commencer un régime pendant mes traitements ?

Il est déconseillé d’entamer un régime restrictif pendant les traitements (et même après !).

Une meilleure hygiène de vie prenant en compte l’alimentation, mais également le comportement alimentaire et le rythme de vie, l’activité physique, la gestion du stress…, permet de stabiliser le poids, voire d’amorcer une perte de poids, à condition qu’elle soit douce. Il n’est pas recommandé de perdre plus de 1 à 2 kg par mois. Au-delà, il s’agit surtout d’une perte d’eau et de masse musculaire, ce qui est délétère lorsque l’on est traité pour un cancer.

3/ Peut-on prendre des compléments alimentaires pendant les traitements, si oui lesquels ?

La consommation de compléments alimentaires est déconseillée sans avis médical préalable de l’oncologue. Il faut  être très vigilant vis-à-vis des interactions avec les thérapeutiques et prendre avec prudence les informations pas toujours fiables retrouvées ou conseillées sur des sites internet (dédiées ou non à la nutrition), ou dans certains livres vantant les vertus de substances ou aliments « anti-cancer » qui n’existent pas.

Une supplémentation peut être proposée en cas de carence avérée et dosée suite à une prise de sang prescrite par le médecin traitant. Dans tous les cas, nous recommandons aux patients de faire part d’une éventuelle prise de compléments alimentaires à leur oncologue et à la diététicienne qui les suit. En effet, il est important de pouvoir en parler avec des professionnels du Centre qui suivent les patientes, de communiquer sur les questions et attentes vis-à-vis de compléments alimentaires médiatisés, afin de décider en connaissance de cause.

Le Réseau National Alimentation Cancer Recherche (http://www6.inra.fr/nacre/) déconseille une complémentation en anti-oxydants supérieure aux apports nutritionnels conseillés et hors carence avérée.

La Fondation contre le cancer belge propose un guide en ligne des compléments alimentaires pouvant être conseillés ou déconseillés dans le cadre d’un cancer : https://www.cancer.be/complementsalimentaires

4/ Les 5 bons conseils à suivre pour mon alimentation pendant mes traitements :

  • Prévoir ses menus à l’avance peut être une solution pour élaborer des repas équilibrés et éviter le recours trop fréquent à des plats industriels et des produits ultra-transformés.
  • Faire des repas équilibrés suffisamment complets pour éviter les fringales : mélanger à chaque repas les féculents (de préférence semi-complets ou complets) avec des légumes pour avoir suffisamment d’énergie ainsi que de vitamines et minéraux. Ne pas oublier non plus les aliments protidiques (œufs, viande, poisson…). Si certains aliments sont moins tolérés, il  faut chercher des équivalences plutôt que exclure toute une famille d’aliments.
  • Etre à l’écoute de ses sensations alimentaires et de son corps en écoutant les signaux de la faim et de la satiété.
  • Commencer ou conserver une activité physique régulière. Le Centre Léon Bérard propose des programmes d’activité physique adaptée ainsi que des ateliers d’éducation thérapeutique sur le sujet (programme ETAPP).
  • Ne pas hésiter à se faire aider si on a pris du poids ou si on a peur d’en prendre. Les diététiciennes du département Cancer Environnement assurent des consultations individuelles ainsi que des ateliers collectifs (programme ETAPP), et un médecin nutritionniste assure également des consultations pour les troubles métaboliques.